Jour 17, tu veux une médaille ?

Pourquoi pas, si elle est en chocolat.

Plaisanterie mise à part, dans toute activité, créative ou non, se pose à un moment ou à un autre la question de la motivation. L'envie de mener un projet à son terme ne garantit pas forcément une motivation quotidienne pour en poursuivre les étapes. Parce que le quotidien génère de la fatigue, parce que le côté répétitif des choses est rassurant pendant un temps mais finit par lasser et plonger nos occupations dans une grisaille dont nous peinons à les dégager. Il est parfois difficile de se souvenir des papillons dans l'estomac et des étincelles dans la tête des débuts. Pour certains, c'est l'occasion d'analyser nos motivations et de vérifier s'il est utile et souhaitable de raviver notre motivation et si oui, comment s'y prendre.

Pour moi, il s'agit le plus souvent d'une nouvelle idée qui vient s'emboîter dans un projet d'écriture et qui crée un effet feu d'artifice de mes envies. Ou simplement une étape du projet qui ne me convainquait pas et soudain, un nouvel angle vient tout changer.

Pour d'autre, la stratégie consiste à ne pas laisser la démotivation s'installer en créant une valeur ajouter à leur projet : embellissement, échanges avec des personnes qui partagent les mêmes intérêts au sein d'un cercle dédié, pauses pour nourrir l'inspiration ou faire quelque chose de complètement différents pour se rafraîchir l'esprit... Et puis il y a ce charmant système de s'offrir de petites récompenses de paliers, pour donner un aspect ludique à l'effort, créer un désir qui vient éventuellement colmater les premières fissures de la motivation. ou juste pour se faire plaisir, parce que cela apporte de la douceur à la vie.

Les récompenses, c'est notamment à la période du NaNoWriMo de novembre ou pour le camp NaNo qu'on les voit fleurir sur les réseaux sociaux, dans les plans des auteur.ices. Je trouve ça extrêmement mignon, de planifier de petites choses qui nous feraient plaisir et dans lesquelles on piochera au fur et à mesure, souvent au hasard. Gardons en tête que celleux qui pratiquent la technique des récompenses ne le font pas pour se donner une raison d'écrire (ou de créer), seulement pour ajouter une dimension amusante et gratifiante supplémentaire à la pratique. Pour autant, je n'ai jamais ressenti l'envie de tenter l'expérience. Je m'intéresse beaucoup aux routines, vlogs, façons de faire, toujours à la recherche de bonnes idées pour stimuler ma propre pratique de l'écriture. Le système de récompenses - et il s'agit de mon ressenti personnel uniquement- me semblerait une façon de tricher avec moi-même. Ou plutôt de m'auto-suggérer que j'aurais besoin de ça pour avancer. C'est un biais, sans doute, mais je suis fermement convaincue que toute activité créative est une fin et une récompense en soi. C'est un privilège : avoir le temps, l'espace mental, la sécurité psychologique et financière pour s'adonner à une activité de création pure et se projeter dans l'avenir, dans sa complétion, voire sa diffusion, tout cela relève du privilège. Cela me donne du bonheur et un sentiment de gratitude. L'écriture est le fil rouge de ma vie et parfois, quand je pense à ce que je fais d'autre de ma vie, je panique et je me sens vide. Mais l'écriture est ce qui me donne du sens en tant que personne, c'est ma magie, mon talisman (individuelle, non pas dans ma dimension sociale, familiale et relationnelle). Cela est une constante dont je parle et parlerai davantage dans ma newsletter, le Journal des Marcherêves.

Ce n'est en aucune façon une critique de celleux qui jouent la récompense, parce que le plaisir que cela leur procure est une raison bien suffisante de le faire. Simplement je ne m'imagine pas en train de faire la même chose.

Je suis curieuse : est-ce que vous jouez à vous récompenser lorsque vous avez atteint un palier créatif ? Quelle forme cela prend-il ?