Elisa M. Poggio
Jour 11, faire et défaire...
Dernière mise à jour : 22 mai
L'organisation, cette matrone à la fois généreuse et fourbe qui vous guide par la main tout doucement sur le chemin de la productivité, de la rentabilité, qui vous susurre à l'oreille des mots doux tels que "bullet journal", "papeterie créative", "espace personnel" voire "amélioration personnelle". Et si on y prend pas garde, elle vous enferme dans une pression incroyable, une injonction au "faire toujours plus". L'organisation est une valeur positive avec un revers fort dangereux.
Quand j'étais au plus bas, tous mes efforts dans le sens d'une organisation pour être cette femme moderne et active qu'il me semblait devoir être sont tombés à l'eau. Exister au jour le jour drainait déjà toute mon énergie. Sur le chemin du mieux, m'organiser se résumait à noter les choses pour ne pas les oublier, les rendez-vous médicaux principalement. C'était déjà énorme parce que cela témoignait d'une forme de reprise en main. C'est pour cela qu'acheter un nouveau planner il y a quelques semaines était en soi une victoire. Anticiper sans que cela génère une crise d'angoisse est une victoire. Je garde la quantité de choses à accomplir au plus petit niveau, en essayant de doser la pression avant de songer à escalader des montagnes. C'est mon outil général pour mes rendez-vous, mes tâches, mes nécessités.
L'étape suivante a été de reprendre une forme de planification concernant l'écriture, dans un planner à spirale pas cher qui sépare to-do lists, semaines et mois, avec une section note. Encore une fois sans pression, ni dead-lines impératives (à quoi bon dans ce cas précis ?), juste pour me repérer et me donner un rythme. C'est mon second outil d'organisation et planification. le troisième étant mon journal d'écriture, où sont consignées toutes mes notes, mes réflexions, mes plans, mes personnages, etc... et où je déblaye au fur et à mesure le contenu des chapitres à coups de brainstorming. C'est le fameux petit classeur transparent sexy que j'ai déjà montré en photo. Là ce sont les trois, en tas. J'aime bien les tas.

Et le conseil du jour me direz-vous ?
Il peut y avoir quantité de raisons pour procrastiner, et l'une d'elles, particulièrement perverse je pense, est la procrastiplanification. A vos souhaits. Un mot barbare pour exprimer le fait de retarder encore et encore le passage à l'écriture parce qu'il reste toujours quelque chose à préparer en amont, à affiner, une fiche de personnage à reprendre, un rouage structurel à graisser... et au final le premier jet en pâtit, puisqu'il n'en est jamais question que dans un futur proche, mais flou. Cela semble un faux problème, mais qui cache bien souvent la crainte de se lancer, ou de continuer quand on a sauté le pas et entamé un premier jet. Parce que commencer, c'est encourir le risque d'échouer. Tant qu'on est dans l'anticipation, tout est encore idéalisé, tout est possible, le projet est encore dans le royaume des idées, où il brille dans toute sa perfection. Pourtant, il n'en résultera rien tant que l'idée ne se confronte pas à la réalité. Quand on commence le premier jet, il est préférable d'éteindre la partie du cerveau qui corrige, critique, veut perfectionner avant d'avancer. C'est d'autant plus vrai pour un premier ouvrage, où l'on apprend bien plus en faisant, qu'en se donnant des règles à suivre pour le moment où l'on fera. Le passage à l'action est la véritable progression. Ce qui rejoint mon premier conseil, ne pas vouloir faire parfait tout de suite. Voire même ne pas vouloir faire parfait du tout. Donc le conseil du jour : arrêtez de procrastiplanifier (c'est vraiment pénible à écrire) et écrivez ! Quitte à trébucher, à rater, à devoir recommencer : c'est comme ça qu'on apprend.